On n’avait jamais vu cela. Le très sérieux Institut français de Tunis, temple du savoir sous toutes ses formes, lieu de transmission et d’initiation, qui se permettait, bien sûr, quelques audaces maîtrisées, s’est transformé en espace magique dédié au stambeli. Investi par la troupe de Sidi Ali Lasmar, sous la direction du célèbre Ryadh Zawech, on y célébrait un cérémonial venu du fond des temps et de l’Afrique profonde. Le stambeli, arrivé sur les traces des caravanes des marchands d’esclaves, intégré à une Tunisie tolérante qui fut la première à abolir l’esclavage, se développa dans le secret des zaouias dédiées avant de devenir une composante reconnue de l’histoire de la musique tunisienne. Aujourd’hui accepté à part entière, soutenu par une association, étudié par des musicologues, apprécié par un public fidèle, le stambeli est invité par les festivals internationaux et se produit en France, en Allemagne, en Italie. En Tunisie, cependant, où ses manifestations sont des plus courues, on regrette quelquefois de ne pas le voir dans les grands festivals nationaux.
A l’Institut français de Tunis, l’autre jour, il y avait beaucoup de monde dans la cour, et il y en avait trois fois plus sur l’avenue.